Les militantes du POUM 1935-1980 / Cindy Coignard
FONDÉ en septembre 1935 en Espagne, le POUM (Parti Ouvrier d’Unification Marxiste) a joué un rôle important dans la guerre civile espagnole (1936-1939), principalement en Catalogne, région dans laquelle il était majoritairement implanté. Héritier des idées des penseurs marxistes (Karl Marx, Friedrich Engels, Auguste Bebel, Alexandra Kollontaï puis Lénine et Léon Trotsky), ainsi qu’en partie de l’idéologie anarchiste, il disparaît de la scène politique prématurément en juin 1937 lorsqu’il est déclaré illégal et victime d’une double persécution : franquiste et communiste. Nous proposons ici l’étude d’un aspect peu connu du parti jusqu’à aujourd’hui : les femmes du POUM. L’implantation d’un parti ouvrier dans l’Espagne de la Seconde République invite à comparer la situation des femmes dans le parti et la législation. N’oublions pas que la proclamation de cette République le 14 avril 1931 avait représenté une période d’ouverture et d’émancipation pour les femmes, notamment avec l’accès au droit de vote; des femmes qui jusqu’alors étaient considérées comme inférieures et « victimes » d’un modèle familial patriarcal très ancré dans la société et soutenu par l’État et l’Église. De ce fait, il semble intéressant d’étudier les rapports de sexe entre les militants et militantes du POUM afin de voir s’il existait une adéquation entre le discours du parti (égalité entre les sexes) et la réalité quotidienne. L’analyse de Cindy Coignard s’appuie sur plusieurs objets. L’action militante : sur le front mais aussi et surtout à l’arrière-garde, où l’on retrouve les femmes en politique (au sein du parti mais également dans leur propre Secrétariat, le SFPOUM), dans les moyens de communication (presse et radio), dans des organisations d’aide à la population civile (entre autres le Secours Rouge International) ou encore dans l’enseignement et l’aide aux enfants, beaucoup d’entre elles ayant été institutrices. Le problème de la survie du parti en exil se pose également et présente l’évolution d’un militantisme politique vers un militantisme plus culturel. En exil, ce sont principalement les casals et centres catalans qui ont permis aux femmes de maintenir une activité militante. En l’absence d’un organe de presse féminin en exil, l’existence même des centres a joué un rôle mobilisateur et toutes les activités qui ont eu lieu dans ce cadre-là ont été un important vecteur d’union et d’identification pour de nombreuses femmes; l’antifascisme ayant été l’argument commun de lutte.
Presses Universitaires de Rennes 250 p. ISBN : 978-2-7535-3610-4 / 18€ Table des Matières